vendredi 25 septembre 2009

Les Pré-noms Amazighes Face aux Pouvoirs Politiques de Tamazgha (Afrique du nord)

Les Pré-noms Amazighes Face aux Pouvoirs Politiques de
Tamazgha (Afrique du nord)

« Les systèmes politiques n’arrivent pas à comprendre qu’en amant de la civilisation amazighe, il y a primordialement toute une langue à laquelle ils doivent non seulement tout le respect, mais aussi le fait de se racheter aux divers plans » Selon le site asekka.net, le père de la petite Numidya confirme l'acceptation et l'inscription par l’administration du prénom Numidya choisi pour sa fillette. A cet heureux événement, on présente du fond de notre cœur nos vives félicitations aux parents de la petite Numidya à laquelle on souhaite une longue vie pleine de prospérité. Nos vives félicitations fraternelles aux parents de la petite Numidya pour cette détermination de vouloir choisir un pré-nom de souche amazighe.A rappeler que Numidya, tel que d’autres noms d’origine amazighe, est la forme romanisée de N-Midden. Le terme N-Midden, compté au nombre des mots vivants, se pratique depuis l'antiquité jusqu’à nos jours. Il est composé de : N « préposition (de) » + Midden « pluriel de Madd signifiant pasteur/personne ». Le pluriel Midden, dont le singulier Madd a disparu, veut dire, dans l'état synchronique de Tamazight, gens, public, personnes...
Dans cette optique explicative, le terme madd, en Tamazight, signifie diachroniquement parlant « pasteur, personne qui guide les troupeaux en se déplaçant ». On avait emprunté les termes français « nomade » et anglais « nomad » à Tamazight et ce, tel que le sens véhiculé et qui signifie « qui se déplace, qui n’a pas de domaine fixe... ».
On vient de mettre le doigt sur une des questions dont souffrent les Amazighes si soucieux de leur Amazighité (Timmuzgha). La volonté se manifeste à chaque fois pour faire disparition les noms que fournit la langue amazighe, et avec eux cette raison d’exister. C’est aussi une hémorragie qui, particulièrement, avait été provoquée depuis les tous premiers temps de l’avènement de l’arabe en Afrique du Nord (Tamazgha). Ainsi dire, la descendance amazighe se retrouve de nos jours entre l’enclume des systèmes politique de Tamazgha et le marteau des fantoches pan-arabistes qui dictent à ces pouvoirs leur arabisme. En continuant de subir les aléas de la bureaucratie, beaucoup de ménages amazighes sont dans l’incapacité de donner des pré-noms de souche amazighe à leurs nouveau-nés ! On propose souvent aux parents des pré-noms (« izarismawen », plur. de « azarisem ») à consonance non seulement étrangère, mais aussi incompréhensible. Par ailleurs, tous ces blocages continuent encore d’alimenter une malsaine polémique et une marginalisation catastrophique. Dans l’une de ses incartades les plus haineuses, le haut fonctionnaire des affaires intérieures du Maroc, Idris Bajdi, déclare expressément : "Nous interdisons les noms berbères parce qu'ils sont contraires à notre identité et parce qu'ils ouvrent la porte à la diffusion de noms sans signification". De quelle identité parlait-il ? De celle que l’on a préfabriqué dans le déni et les coulisses, et ce selon le fameux modèle qui obéit à une « histoire subalterne » ayant connu ses débuts il y a 14 siècles de ça. Tout ce qui est antérieur à cette époque n’est considéré qu’en tant que néant, sinon insignifiant. Personne ne peut effacer des millénaires d’existence de tout un peuple. Ces responsables ne cessent d’attenter aux libertés des Amazighes de jouir de leur identité (tanettit) la plus profonde et, cela sans se soucier des retombées de ces scabreuses et grossières atteintes aux Amazighes. D’un coté l’on voulait démontrer l’indémontrable tout en ignorant la portée amazighe la plus profonde du pays qu’on croit être le sien, et d’un autre coté on a la trouille d’ouvrir les portes à la diffusion de noms amazighes dont les significations, parait-il, échappent à ces amazighophobes. Que devient-on lorsque l’on croit avoir détenu les 4 vérités, et que tout ce qui est en dehors de sa portée cérébrale n’est que néant et insignification ? Le fait d’avoir établi par l’administration une liste officielle comportant un certain nombre de pré-noms amazighes dits tolérés est en soi-même un chantage et un fatal amoindrissement de Tamazight qui puisse fournir un nombre illimité de pré-noms. Au lieu de parler d'un nombre de lexèmes amazighes, on devrait parler justement de la langue amazighe elle-même. Interdire aux nouveau-nés amazighes d’avoir des pré-noms amazighes est une image qui reflète cette façon de mettre la progéniture amazighe sous l’emprise de l’arabisme aveugle et sous la coupe des pouvoirs hégémoniques en place, en oubliant que vouloir donner des pré-noms amazighes à ses enfants est une conscience individuelle qui comporte naturellement une partie de la conscience collective. Par ces interdictions, on veut bien tenter d’effacer toute une identité amazighe qui ne cesse de se libérer. C’est aussi une manière flagrante de dénier aux amazighes tout droit à la différence et à la liberté de choisir leurs propres noms et pré-noms ! Il parait que le fait de porter un pré-nom fait très peur à ces systèmes politiques. Ils savent bien qu’un pré-nom est aussi un facteur et un signe identitaire très fort. Les pouvoirs politiques en place savent bien qu’un pré-nom amazighe peut aussi porter un sens et des valeurs historiques profondes et rappeler des symboles (izmulen) historiques tels que massinsen (massinissa), yugerten (jugurtha), takfarinas, n-midden (Numidie), Afulay (Apulée), Damia (Kahina), Uw tumert (Ibn Toumart), Ziri Ag Mennad (Ziri Ibn Mennad), tanefzawit (Zeineb)…
Combien d’amazighes portent à présent des pré-noms/noms arabes sans connaitre leurs portées sémantiques ? Cependant d’autres donnent à leurs enfants des contenus pré-nominaux dégradants et avilissants. Le fait qu’un être amazighe fait partie d’une famille, d’une collectivité de familles… et d’une entité sociale, il est indispensable de le différencier des autres personnes physiques. Donc il doit pouvoir être identifié dès sa naissance, et généralement pour toute son existence par son pré-nom et ce, auprès d’un service public afin de dresser un acte constatant un fait d’existence. Un prénom amazighe symbolise une existence aux divers plans linguistique, historique… et social. Et c’est aussi une mémoire collective. Aucun pays ne peut fonctionner sans le respect de l’héritage social et de la promotion de la langue de son peuple qui se manifeste aussi sous les noms de tribus, de familles, d’individus… et de lieux. Par ailleurs, un prénom est un moyen de rattacher ses enfants à ses ancêtres, à son histoire, et de lui donner un souvenir, qui dure aussi bien qu’une vie humaine, de sa culture et de son identité la plus profonde, même si cela ne reste qu’un pré-nom. Car un enfant amazighe qui porte un pré-nom provenant de la langue amazighe est attaché par ce cordon ombilical à sa mère patrie (Tamazgha) qui lui a donné naissance, et au plus tard ça donnera un grand effet pour aussi en être bien fier !
Un nom/pré-nom a une fonction complémentaire mais essentielle, c’est celle de consigner une information d’une grande richesse sur Tamazgha (la Berbérie ou le pays des Amazighes), sur la société qui l’a créé, sur les évènements qui ont présidé à sa naissance et à sa diffusion. Un nom de tribu, de famille, d’individu… ou d’artiste constitue le meilleur ambassadeur de la conscience populaire. Il est aussi en amont et en aval de cette conscience. Le pays (tamazgha/tamurt/akkal/tamazirt…), comme les Amazighes qui l’habitent, est profond aussi bien que la profondeur de son existence qui remonte aux temps préhistoriques. En outre, un nom/pré-nom est le langage du territoire. En étant dépositaire de divers renseignements sur un des éléments constitutifs de la personnalité individuelle, familiale et collective du territoire, un nom/pré-nom peut livrer, par son contenu sémantique et son cachet culturel, une information qui dit le pays dans ses innombrables facettes, raconte son histoire, décline ses beautés et ses espoirs. Comme les humains, les anthroponymes ont eux aussi une histoire. Ils ont aussi une fonction en tant qu’outil d’identification. Ce que l'on peut voir d'un nom de famille et/ou d’un pré-nom est le prolongement et la continuité d’une existence. Rechercher le sens d’un nom, c'est aussi voyager dans le temps et dans la langue. Au-delà de son contenant, ce qui est fascinant dans un nom, c'est sa considération symbolique et son inspiration, ses critères esthétiques et sonores, son existence spatiale et son cachet culturel.
Quant aux complications entravant tout particulièrement la situation pré-nominale/nominale de Tamazgha dont un grand nombre de pré-noms et de noms de famille sont d’origine linguistique arabe, on peut émettre au minimum 3 constats :
Le statut de langue orale de Tamazight, dans toutes ses variantes topolectales, a considérablement entravé la possibilité de valoriser cette langue en recourant entre autres à opter pour des pré-noms/noms amazighes. Une langue écrite a entre autre un caractère linéaire et une grande force de propagation.
Les longs siècles de contact avec la langue arabe et l’ignorance de l’élite arabisante des mécanismes et règles de tamazight, et sa tendance à expliquer les mots amazighes par la langue arabe qu’elle maîtrise en exclusivité, a compliqué davantage la situation onomastique. Cette élite a un peu partout et tout le temps parasité, assimilé et intégré, après les avoir fait subir des transformations phonétiques et, en suite, sémantiques, un grand nombre de termes amazighe (voir à titre d’exemple l’ouvrage : HISTOIRE DES BERBERES d’Ibn Khaldun). Par exemple, on a dans beaucoup de cas transcrit beni au lieu de at/ayt, mezghenna au lieu de imazighen, Meghraoua au lieu de imgharen, El-Kahina et Ed-Dehia au lieu de Damia (Tadmayt), moqrani au lieu de amuqran/muqran… et la liste est très longue.
L’exploitation de la religion au service de l’arabe, la marginalisation et l’infériorisation de la langue et la culture amazighes en les rangeant parmi les restes du folklore et cela, au nom d’une « idée utopique » que l’on a sortie magiquement de sa pensée, et qui, depuis le début, ne repose pas sur des faits ni réels, ni scientifiques, ni religieux. A ce jour, ces interdictions font encore partie des pratiques des pouvoirs politiques de Tamazgha. Ce sont des démarches idéologiques qui consistent à dire que ce qui est amazighe forme une classe inférieure et subalterne. Tant de grands décideurs obéissent encore à un cerveau limbique qui produit les affrontements et l’état d’antagonisme stérile et stérilisant. Imposer aux amazighes de ne pas donner des pré-noms amazighes peut se comparer aux recettes de domination que les Romains, les Byzantins… et, dernièrement, les Français avaient en vain déjà essayées. L’on a bien, pour réduire et anéantir les dimensions linguistiques, sociales, culturelles spécifiques aux Nord africains, fait appel à la force, à des idéologies, à la politique… et des concepts chimériques. Et cela nous a, à présent, coûté très chers.
Les pouvoirs en place ne cessent de donner preuve de leur myopie en oubliant que les sociétés amazighes se définissent entre autres par leur langue, leurs personnalités et leur mémoire collective, leurs valeurs et leur histoire… leurs cultures et leurs conceptions du monde. Non seulement que l’histoire des amazighes est occultée et leur liberté est entravée, les pouvoirs politiques tentent généralement d’imposer un modèle qui sert des intérêts occultes et sournois, matériels et mondains. Le passé, et même le présent, est souvent dénaturée, déformée, falsifiée et ce, pour justifier, arranger et comploter une réalité et ce, loin de tout point de vue humanitaire, objectif, rationnel et lucide. Il est connu que le conditionnement artificiel, la manipulation des valeurs sociales et des symboles ainsi que la fonction de légitimer les lignes de conduite sont en partie confiés aux professionnels de la démagogie. Là les orientations de l’action sociale sont adoptées, imposées, et les esprits des citoyens qui ne comprennent pas généralement les enjeux qui engagent leur avenir et leur devenir, deviennent une proie très facile. Une fois que les valeurs et les symboles de la société sont bien manipulés et rôdés, ça devient difficile à la société d’être maîtresse de son devenir. La prégnance de pratiques ethnocides et prônant la médiocrité influence très négativement la dynamique sociale. Dans un élan mystique et inhumain qui ne repose sur aucun fait réel, il est très trompeur de déclarer qu’il s’agit d’un intérêt national. En réalité, c’est l’inverse qui est vrai. C’est plutôt l’uniformisation à outrance et l’assimilation forcée qui aliènent les individus de la société en les contraignant à être ce qu’ils ne sont pas. Dans ce contexte, il est plus que jamais temps d’appeler au divorce avec ce monde mythique et utopique, même s’il est réel que toute une mouvance dite « arabo-baathiste » a été implantée sur la terre de Tamazgha avec l'aide de ses mentalités arrivistes qui mobilisent des milliers de personnes pour soutenir les injustices, sans que ces mêmes populations ne s'entraident. Le soutien aveugle de l’arabo-baathisme a malheureusement importé et propagé inconsciemment l’intolérance, les stéréotypes et la violence à l’encontre des populations innocentes. Mais à chaque antithèse il y a une thèse.
Jusqu’à nos jours, les systèmes politiques n’arrivent pas à comprendre qu’en amant de la civilisation amazighe, il y a primordialement toute une langue à laquelle ils doivent non seulement tout le respect, mais aussi le fait de se racheter aux divers plans. Cette langue que pratiquent depuis toujours les imazighen (tous topolectes confondus) n’est pas seulement un outil de communication, elle reflète aussi une perception de tout un monde, elle est en outre l’indispensable véhicule de systèmes de valeur et d'expressions culturelles, comme elle constitue un facteur déterminant de l’identité amazighe (tanettit tamazight) des sociétés et des individus. La langue amazighe sert aussi, de manière à la fois objective et symbolique, à constituer les personnes et les sociétés dans leur ensemble. Et là l’individu, forgé dans le moule de sa langue et sa culture, ne peut plus être attaché qu’à cette langue-culture qui l’a produit sous peine d’aliénation. La langue maternelle des amazighes est un colossal contenant qui contient un énorme ensemble de contenus ; et si l’on se permet de détruire ce contenant basique, on n’aura fatalement ni le contenant, ni les contenus. Et Là ne peut être que la fin d’une partie de l’humanité. Sans aller dans les détails, les systèmes politiques dans l’Afrique du Nord tombent en flagrante contradiction de « reconnaitre » la culture et la civilisation amazighes et, en même temps, de nier le facteur linguistique duquel sont tributaires cette culture et cette civilisation, voire ce peuple amazighe. Il est dangereux de ne pas essayer de comprendre, mais il est plus dangereux de ne pas dire ce que l’on pense. Au lieu de détruire, il vaut bien construire. Au lieu de se livrer à la calomnie et de porter flagrante atteinte aux autres, il est vital et indispensable, dans notre univers, qui est bel et bien pluriel, de cultiver la tolérance, car " les questions du pluralisme tendent de plus en plus à devenir une partie des tâches et des énigmes de la civilisation humaine". C’est donc une chance de se retrouver en Afrique du Nord avec une pluralité de langues dont la langue amazighe est la plus ancienne, la plus permanente et la plus apte à propulser le monde nord africain. La vivacité, le dynamisme et le fait de voir à présent notre langue maternelle vivante est, comparés à de puissantes civilisations ayant périclité, un fait exceptionnel. Après tant d’épreuves et de résistances contre les vicissitudes, contre les envahisseurs venus de tous bords avec des intentions d’asservissement, d’assimilation et d’hégémonisme, le monde amazighe se tient plus que jamais debout, et le socle ne devient que plus solide.
La grande problématique qui se pose actuellement est de savoir comment arrêter définitivement l'instrumentalisation de l’arabe à tort et à travers pour détruire anti-humanitairement le monde amazighe en tant qu’une partie considérable de l’humanité. Pédagogiquement, quand l’on est de mauvaise foi et de très mauvaise « formation », quand l’on fait ce que l’on ne dit pas, on peut tout instrumentaliser. Beaucoup de ceux qui ont prêché à cor et à cri l'arabisation totalitaire, ont bien pris le soin de le faire dans des intérêts mondains et immondes. Le chauvinisme pour la langue arabe devient un devoir religieux. Cependant et d’après les préceptes les plus fondamentaux de l’islam, la religion musulmane est au-dessus de toutes les langues, y compris bien sûr celle des arabes. Que devient le monde quand l’on se tâche à asservir l’islam par la langue arabe ? Le point fort et à la fois très sensible de ce chauvinisme arabiste est l'utilisation du sentiment religieux le plus profond. L'arabité et l'Islam se confondent pour ne plus être qu'un seul et unique repère identitaire. L’idée que beaucoup d’amazighes sont musulmans donc arabes est en fait déjà ancienne ! il y a aussi lieu d’évoquer que suite à la colonisation européenne du continent américain, les missionnaires européens tâchaient à enseigner aux Indiens que Dieu n'aimait pas les langues indiennes, car celles-ci étaient sataniques et autres chimères...Au bout de quelque siècles, ces langues indiennes ont quasi-totalement disparu. Les « idées initiatiques sacrées » constituées par les mythes et les récits d’un certain ethos légendaire et utopique ne seront jamais réalisables. Là une rupture de plus en plus évidente est observée entre cette caste arabisante et les générations actuelles, voire futures. Les tenants de l’arabisme, par leur prise de position, sont aux divers plans conduits à dévaloriser la langue amazighe, à inverser les rôles et tenter de disloquer les richesses basées sur un savoir dont la source est toujours le contenu du contenant linguistique. Dans ce sens, l’école « arabiste » fondée sur l’aveugle sentiment religieux à domination arabe, l’apprentissage machinal et la récitation fatale, en essayant de maintenir un ordre calamiteux et un état d’ignorance, est génératrice de confusion entre ce qui est initiation et le savoir en tant que science. Dans leurs démarches, les processus de transmission sociale risquent de se détruire pour que le royaume des aveugles dont les borgnes sont rois arrive à bien se fonder. Les arabistes (amazighophones ou arabophones), qui vivent physiquement sur la terre amazighe, sont attachés moralement, linguistiquement, historiquement et culturellement à l’orient arabe. Ces derniers doivent arrêter de foutre le doute et de cultiver la stéréotypie. Il faut parler de l’existence amazighe comme elle est réellement, et pas comme les amazighophobes le rapportent et l’apprennent. Oui, les ennemis les plus acharnés même des pré-noms de souche linguistique amazighes ne cessent de vociférer en disant tout et n’importe quoi et ce, afin d’arriver à convaincre, au nom d’un idéal creux et inventé de surplus, de l’inutilité d’œuvrer pour que l’ethnocide amazighe prenne fin. Les pan-arabistes ne se satisfont pas seulement d’interdire les pré-noms amazighes, ils ont même arabisé les noms des morts ! La réalité amazighe aux plans social, linguistique et culturel ne pourra pas disparaître. Les choses vont revenir à leur nature, et cela est déjà montré par l’histoire. Donc cette existence est déjà tranchée et décidée par l’histoire. Comme la bombe atomique « little boy » qui n’a même pas pu exterminer la ville de Hiroshima, toutes les armes qu’exploitent et inventent les pouvoirs politiques n’arriveront jamais à exterminer les Amazighes.
Islamiquement parlant, lorsque l’on sera logique, lorsque ces gens arabisés ou amazighophones amazighophobes accepteront les réalités, que la langue tamazight que Dieu de la terre et des cieux a créée dans sa sagesse divine n’est pas une médiocrité ; lorsqu’on n’aura plus honte de ses origines, lorsqu’on sera fier de son authentique et profonde histoire, y compris les périodes antéislamiques, on peut commencer de parler de développement et de prospérité. Les pouvoirs omettent l’essentiel et n’apprennent pas grand-chose de l’histoire. Là on passe à coté de la plaque. On oublie que contrairement aux espèces vivantes, les langues peuvent ressusciter. Il suffit seulement les réveiller et ce, comme la Belle au bois dormant. Dans les années 1920, date à laquelle la diaspora parlait le yiddish et le judesmo, l’hébreu était compté au nombre des langues mortes et ce, depuis plus de deux longs millénaires et demi. Malgré cette situation, une volonté gigantesque s'est manifestée, c’était celle de la ressuscitation. Et tout le reste n’était affaire que de quelques décennies. Actuellement même la science du nucléaire est enseignée en hébreu.
Nier le droit de donner à sa progéniture des pré-noms amazighes et d’être un droit est entre autres une condamnation des aïeux qui s’étaient battus pour leur ascendance, voire leur descendance.
Les systèmes politiques nient, si non omettent que le comportement des amazighes vis-à-vis d’eux n’est qu’une manifestation logique et naturelle de leurs politiques catastrophiques. Jusqu’à nouvel ordre, les décideurs surtout politiques, dans un esprit de fermeture suicidaire, ne mesurent pas la gravité des conséquences de leurs politiques. Pour sécuriser Tamazight y compris le droit d’avoir un pré-nom amazighe, de nouveaux statuts constitutionnels devraient arriver pour rectifier par leur double valeur politique et juridique cette grandiose injustice historique subie par les amazighes. Ainsi on permettra à la langue des amazighes de bénéficier honnêtement et sans ruse aucune des moyens humains, juridiques, matériels, financiers et moraux des Etats de Tamazgha. Tamazight n’est pas seulement une grande histoire, mais aussi une marche identitaire. Il est par ailleurs plus qu’indispensable que l’existence même des Etats de Tamazgha soit liée au sort, à l’avenir et à l’épanouissement de la langue amazighe. Tout Etat de Tamazgha est appelé à comprendre que si l’on s’amuse à anéantir son peuple, il se condamne déjà à sa propre et pure disparition ; et s’il s’applique sérieusement à sauver son peuple en développant Tamazight, il finira par s’épanouir et se maintenir aussi davantage que la nature et l’identité du peuple sont respectées. Cela est déjà confirmé par l’histoire. Le peuple amazighe est depuis la nuit des temps là, tandis que tous les systèmes politiques ayant accédé au pouvoir n’ont cessé de finir par disparaitre (chacun son tour). Pour libérer les systèmes politiques d'une voie sans issue, ces derniers n’ont qu'un seul et unique choix, c'est celui d’admettre l’existence de tamazight employée par des dizaines de millions d’humains.
Cette idée devra se confirmer davantage et ce, dans un proche avenir. C’est une nécessité historico-sociale avérée et une exigence géoculturelle, voire géostratégique. Cependant, faire de Tamazight un outil de développement et d’émancipation demeure toujours un devoir citoyen. Dans cette optique et outre ce qui se fait méthodiquement sur d’autres plans tel que l’enseignement, les mass médias…le mouvement associatif et la revendication amazighe, il peut être suggéré au plan individuel ce qui suit:
1. Employer sa langue amazighe sous ses divers topolectes et dans le maximum de milieux (familial, social, administratif… et notamment interdialectal), cela pour la simple logique qu’un(e) amazighe ne peut être qu’amazighe.
2. Inculquer à ses enfants la fierté d’être amazighe et d’employer tamazight dans sa vie quotidienne.
3. Apprendre à sa progéniture à bien prendre connaissance de sa langue, de son histoire et des enjeux stratégiques. Pour ne pas pousser sa langue à la disparition, la Sous-directrice générale de l’Unesco Françoise Rivière conseille d’être fier de parler sa langue.
4. Produire en tamazight et pour tamazight.
5. Penser qu'il faut que la vie soit pour Tamazight et Tamazight pour la vie (Tudert i Tmazight, Tamazight i tudert).
6. Encourager aux multiples plans les échanges entres amazighes de toutes les régions de Tamazgha.
7. Eviter d’employer entre amazighes de différentes régions autre langue que les topolectes amazighes, même si l’on ne peut que comprendre d’autres variantes que la sienne et ce, sans pouvoir les parler.
8. Se convaincre que l'indispensable moyen de sauver tamazight, c’est de l’écrire, et que toute la bénédiction de Tamazight réside dans la technologie. Mais pour qu'elle se parle à une grande échelle, il faut aussi une grande et vraie volonté, un colossal et vrai désir collectif.
9. Revendiquer sans cesse l’enseignement de tamazight dans tous les pays de Tamazgha. C’est la grande porte qui puisse extirper Tamazight des griffes de la disparition.
10. Occuper les écoles par Tamazight, sinon ces écoles s’occupent de tamazight et déracinent Imazighen.
La maturité des Amazighes ne cesse de se confirmer… le reste viendra… Une fois le sentiment identitaire propre à tous les Amazighes est né, cela va profiter à Tamazight. Le reste ne devienne ainsi dire qu’affaire de temps et ce, sans oublier que la vraie réponse à la question linguistique amazighe est aussi économique. Cependant sauver Tamazight demeure plus que jamais une prise de conscience politique, car reconnaitre Tamazight doit passer par le terrain politique. Un Etat, pour assumer l’Amazighité de son peuple qui ne se limite pas seulement à la langue et à la culture amazighe, doit s’appliquer à l’affirmation de la dignité humaine et de l’identité la plus profonde du peuple. Cette identité a bel et bien pris racine dans sa grande civilisation attestée depuis la préhistoire la plus lointaine. Ce n’est pas un choix à faire, c’est un devoir à accomplir. Il serait cependant utile de préciser qu’au lieu que les pouvoirs politiques s’attaquent à leurs citoyens, il vaut mieux qu’ils s’attaquent aux causes de leurs macabres politiques. Quand est-ce que les systèmes politiques comprennent que s’attaquer aux conséquences ne pourra que pousser la situation à l’irréparable ? La langue amazighe n'est, aux yeux des « ennemis de tamazight », toutes tendances confondues, qu'un particularisme régional et infrahumain sans aucune considération, si ce n'est celle de l'infériorité, de l’étouffement et de la disparition. Donc, pour les amazighes d’aujourd’hui et de demain, la grande question se résume à l’idée d’être ou de disparaitre. Le génie amazighe fabrique des instruments qui ont leur existence propre, et Tamazight est ce que l’on a de plus humain. A cette bonne raison suffit sa défense. Tamazight en tant que langue autonome et outil de communication depuis les périodes préhistoriques demeure ce que tous les Imazighen décident d'en faire. Si l’on se satisfait de sauver Tamazgha, on finira par se sauver soi-même, si l’on se contente de se sauver soi-même, on finira par ne pas sauver Tamazgha, et ça ne sera que la perte de soi-même.
La lutte pour l'identité amazighe est un combat de longue haleine. Chaque jour a son lot d’acquis, et le reste n’est qu’une question de temps. Les militant(e)s (imeghnasen/timeghnasin) sont sur la voie de la résistance et de l'affirmation de l'identité amazighe. Le combat pacifique continue et le gain de cause amazighe ne pourra qu’arriver.

Amazigh, Tamazight d Tmazgha ad ilin !
Vivent Amazighe, Tamazight et Tamazgha !
Tamazight pour tous, tous pour Tamazight !

Nat Mzab

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